Pour une musique écologique – Max Neuhaus

CRITIQUE D'ART 44 | Printemps/Eté 2015

English version: For an Ecological Music – Max Neuhaus

Le partenariat entre le Centre national des arts plastiques (cnap) et la revue Critique d’art permet de rendre publiques les politiques de soutien à la théorie et critique d’art en offrant à chaque numéro une tribune de publication à l’un des lauréats. Relevant de champs d’intérêt et d’approches très variés, les cinq gagnants de l’année 2014 ont en commun de porter des sujets restés à l’écart des publications et expositions en France. Valérie Da Costa propose une première monographie sur l’œuvre sculpté de Pino Pascali, « artiste comète » dont la production prolifique et protéiforme met à mal les catégories canoniques telles que l’arte povera. Le livre à venir d’Olivier Schefer accorde une place centrale à la science-fiction comme matrice conceptuelle et esthétique de l’art de Robert Smithson. Visant une réalisation sous forme d’exposition, Marianne Derrien scrute la création contemporaine par les notions d’occulte et d’alchimie, de magie blanche et noire. L’originalité de la collaboration qui relie le critique d’art Christophe Domino à l’artiste Krzysztof Wodiczko tient tant à l’ambition d’un Institut Mondial pour l’Abolition de la Guerre à Paris qu’à « l’hypothèse d’un art politique » aujourd’hui, sans oublier l’intérêt heuristique de la relation même d’« accompagnement critique » qui les réunit.

Daniele Balit aborde, quant à lui, la relation entre art et espace public à travers l’étude des installations sonores réalisées ou projetées par Max Neuhaus à destination de l’environnement urbain postindustriel. Loin du désir futuriste de soumettre la vie à un principe esthétique global, l’approche de Neuhaus place l’auteur en retrait et interpelle par l’attention portée à « l’écoute de l’écoute », à la cohabitation des sons dans la ville plutôt qu’à leur organisation systématique. C’est dans ce sens que le concept de « musique écologique » prend toute son ampleur. Finement mise en contexte, cette étude de cas rappelle l’importance d’une histoire à la croisée des chemins, au-delà des frontières disciplinaires.

Elitza Dulguerova

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